« Veut-il des otages, or bien, envoyez-en, ou dix ou vingt, pour le mettre en confiance. Envoyons-y les fils de nos femmes: dût-il périr, j’y enverrai le mien ».
– La Chanson de Roland, Laisse III (XIIe siècle)
Étymologie
D’après le dictionnaire Larousse, le mot otage est dérivé de l’ancien français « hostage » qui signifie « logement », les otages logeant généralement chez ceux à qui ils étaient livrés.
Évolution
Les premières prises d’otages remontent à l’Antiquité: dès le Ve siècle av JC, Thucydide les mentionne dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse. Mais leur signification a considérablement changé au fil des siècles.
Durant l’époque médiévale, les captifs venaient en effet sceller un accord ou un traité entre des particuliers ou des États. Ils étaient alors choisis parmi les membres des classes les plus élevées, voire au sein même de la famille royale, en gage de bonne volonté. En 1526, le roi François Ier livre ainsi ses deux fils en otage à son rival Charles Quint, afin de garantir le respect du traité de Madrid.

De nombreux rois, tels que François Ier, ont livré leurs propres enfants en otage afin de garantir le respect d'un traité. (Crédits: Jean Clouet/Domaine public/Wikimedia Commons)
Cette pratique s’est poursuivie jusqu’au XVIIIe siècle. En 1758, le juriste suisse Emer de Vattel écrivait, dans ses Principes de la loi naturelle appliquée à la conduite et aux affaires des nations et des souverains:
« On a soin de convenir de la qualité des otages qui doivent être livrés, et c’est une insigne mauvaise foi que de manquer à cet égard aux conventions”.
En retour, les otages étaient relativement bien traités, comme le souligne Fabien Gruhier, dans Le Temps des Otages (1979).
“L’otage n’était pas systématiquement séquestré, on pouvait se contenter d’un engagement écrit stipulant qu’il se constituerait prisonnier si l’obligation garantie par lui n’était pas tenue”.
Ce n’est que lorsque les États se sont dotés d’un système de lois à même de garantir le respect des traités, que les prises d’otages sont entrées dans l’illégalité. En 1949, l’article 34 de la Convention de Genève les interdit formellement.
Ci-dessous, un tableau comparant les prises d’otages d’hier à celles d’aujourd’hui.
Période |
De l’Antiquité au XVIIIe siècle |
À partir du XXe siècle |
But |
Faire respecter un accord bilatéral |
Imposer des conditions unilatérales |
Otages |
Soigneusement choisis en fonction de leur famille / clan |
Arbitrairement enlevés en fonction de leur nationalité / richesse supposée |
Rapport à la loi |
Instrument juridique palliant un vide législatif |
Crime puni par la loi |