Jean-Louis Normandin

« La vie, ça n’est pas le plus important. C’est la dignité ».

Grand reporter à France 2, il est enlevé au Liban en mars 1986 par le Hezbollah. Marqué par ses 628 jours de détention, Jean-Louis Normandin co-fonde l’association Otages du Monde en 2004. Il en est le président depuis fin 2010.

L’après: « Je suis rentré sous les feux des médias, ça a été une vraie traversée du miroir. Dans un premier temps, c’est génial, on va au restaurant et il y a toujours une place pour nous. J’ai rencontré des gens vachement sympa, signé des autographes, reçu des courriers du cœur… Et puis le temps passe. Qu’est-ce que l’on fait avec ce vécu? ll faut savoir gérer ça, c’est très compliqué. On se trimballe avec cette nouvelle identité que l’on a pas choisie ».

L’action: « Il y a une tendance à voir en l’otage une victime. Alors que c’est aussi celui qui avance, qui se bat. C’est un résistant. Je crois en l’action ».

En quête de justice: « Il y a une absence de justice que je déplore. Pour moi, les prises d’otages sont des crimes contre l’humanité. Enchaîner les gens, les priver de leur liberté, leur infliger des simulacres d’exécution… C’est du ressort du Tribunal pénal international. Tout être humain a droit à la justice. C’est un élément fondamental pour la reconstruction après tout traumatisme ».

Les sollicitations médiatiques: “Tu deviens l’ ‘otage professionnel’, le mec que l’on appelle systématiquement à Noël ou pour les 100 jours. C’est compliqué ».

« Mon travail à l’association me permet une forme de résilience: je peux en parler sans être au premier front, sans affect personnel ».

Le retour au Liban: « Je suis retourné dans le quartier où j’avais été détenu. Je voulais être physiquement debout, là où j’avais été couché, enchaîné. Ça a été un vrai élément cathartique. Pour décrire ce que j’ai éprouvé à ce moment-là, le mot ‘heureux’ est faible ».

La possibilité d’une île: « Lorsque j’étais prisonnier, j’échafaudais des lieux de vie. Je rêvais d’une île où je me réfugiais, un peu comme un moine-soldat. D’ailleurs c’était un rêve d’ado. À mon retour, je suis allé vivre sur l’île aux Moines. Je m’y rends souvent aujourd’hui ».

Écrire? « Beaucoup de gens ont écrit leur livre, ça a une vertu thérapeutique. Quand je suis rentré, deux ou trois maisons d’édition m’ont contacté. Mais ce n’était ni mon envie ni mon genre. Après, le temps passe, et il y a une vraie quête de la part de ma famille. Un questionnement. Je ne dis pas que je ne le ferai pas… »

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